VSP inhospitalier pour les familles

Se trouver un logement abordable dans Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension (VSP) n’est pas de tout repos. La situation devient cauchemardesque, lorsqu’il s’agit de familles à faibles revenus.

© Isabelle Bergeron, journaliste au Progrès Villeray

Les logements pour les familles se font de plus en plus rares dans l’arrondissement Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension

Selon l’Association des locataires de Villeray (ALV), sur les 225 ménages requérant un logement social dans le secteur, plus de la moitié sont des familles. Même chose pour le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), qui a une liste de 250 ménages en attente.« Il y a un besoin urgent de logements. Ces familles-là consacrent plus de 80 % de leurs revenus pour se loger. Souvent, ils sont six à se partager un 4 ½ ou vivent dans des conditions insalubres. Ils fréquentent les banques et comptoirs alimentaires. On les réfère au centre de santé et services sociaux (CSSS) ou à des friperies pour les aider à survivre », indique Véronique Houle, organisatrice communautaire de l’Association des locataires de Villeray.

Selon des données répertoriées par l’Association des locataires de Villeray (ALV), sur les 21 130 ménages locatifs de l’arrondissement, 7730 d’entre eux ont besoin d’un logement social, car ils dédient plus que 30 % de leur budget à leur loyer, 3680 déboursent plus de 50 % et 1615 dépassent les 80 %.

« Le revenu moyen d’un ménage dans le secteur est de 29 000 $ annuellement. Un locataire sur deux vit sous le seuil du faible revenu. La taille des logements aussi est insuffisante. D’après des données du CSSS, il faudrait 6,3 % de 5 ½ supplémentaire dans Villeray-Ouest et 10 % dans Villeray-Est », laisse savoir l’organisateur communautaire de l’ALV, Mathieu Frappier.

Selon le Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, l’arrondissement se classe au premier rang du taux d’inoccupation des appartements à trois chambres et plus, avec 0,4 %.

Plus de logements sociauxSelon l’ALV et le CAPE, il faudrait augmenter le nombre de projets immobiliers de logements sociaux pour tenter de répondre aux besoins.

« Il ne faut pas construire des condos, mais 100 % du logement social. Les élus municipaux veulent que les familles deviennent propriétaires, mais elles ne peuvent pas se payer des copropriétés à 600 000 $. Même s’acheter un duplex, ce n’est pas possible », fait valoir Mme Houle.

L’arrondissement est densément peuplé et ne possède que très peu de terrains libres pour de nouvelles constructions. Il faudrait donc réserver une portion de logements communautaires pour chaque conversion immobilière, estime l’ALV.

« Une réserve foncière est la solution idéale pour répondre le plus rapidement possible au besoin local. Il faut que les élus gardent cela en tête. Si on peut développer un terrain ou un bâtiment, il faut réserver une partie pour du logement social. Il y a une ouverture d’esprit [de la part des édiles], mais ils manquent d’initiative », soutient Mme Houle.

Même s’ils affirment qu’ils continueront à se battre pour aider les moins nantis à se loger dans l’arrondissement, les deux organismes sont réalistes quant à l’avenir du parc locatif du secteur.

« C’est une bataille sans fin. Ça dure depuis plusieurs années. Il n’y a plus de nouvelles habitations à loyer modique depuis 1994 et il y a eu la crise du logement dans les années 2000. Il n’y a presque plus de logements disponibles ou ils sont trop chers. Là, on parle de couper les subventions fédérales pour les coopératives. Ça s’en va en empirant. Il est possible qu’on ne puisse plus être locataire dans Villeray. Le quartier devient de plus en plus cossu et il sera accessible qu’aux personnes avec des revenus élevés. Ce serait triste si ça arrivait », déplore Mme Houle.

« Je crois que même si on construit 1000 logements sociocommunautaires dans l’arrondissement, les besoins ne diminueraient pas. On se trouverait encore 250 ménages qui ont besoin de logement social ou de nouvelles personnes viendraient s’inscrire sur la liste. Ce n’est pas que ça ne vaut pas la peine d’en construire, mais les besoins sont tellement grands qu’il faudrait de très grands projets pour répondre à la demande », regrette Denis Giraldo, du CAPE.